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mercredi 28 mars 2007

La Moldavie : pas que le nom d'original

Langue officielle : Moldave
Capitale : Chişinău
Population : 4 325 682 hab.
Indépendance : date de l’URSS 27 août 1991
Gentilé : Roumains
Monnaie : Leu
Fêtes qui peuvent nous intéresser :
8 mars : Journée internationale de la Femme
20 mars - 31 mars : Journées de la francophonie en Moldavie



La Moldavie (la République de Moldova) est un pays d’Europe orientale enclavée entre la Roumanie et l’Ukraine, occupant les régions de Bessarabie et de Transnistrie. En français comme dans les autres langues, le nom de Moldavie a une signification historique et géographique : il désigne le territoire de l’ancienne Principauté de Moldavie (1359-1859) aujourd’hui partagé entre la République de Moldavie, successeur de la République socialiste soviétique de Moldavie, et la région de Moldavie en Roumanie voisine. Cette signification entretient une dispute entre les autorités de Chisinau et celles de Bucarest pour savoir si les héritiers de la Moldavie historique (les Moldaves de Roumanie et les Moldaves de la République de Moldova) sont ou ne sont pas des Roumains :
- selon les autorités moldaves, les Moldaves de République de Moldavie (republica Moldova) mais aussi, selon certains auteurs, ceux de la région de Moldavie en Roumanie (Moldova) ont une culture et une langue très proche des Roumains mais pas identique.
- selon les autorités roumaines, les Moldaves qui sont dans la région de Moldavie en Roumanie sont bien des Roumains comme les autres, avec des spécificités régionales. Leur langue et leur culture ne sont pas différentes de ceux qui habitent en République de Moldova hormis une influence russe récente dans cette dernière.
Ainsi chaque pays soutient une thèse qui touche à la population de l’autre pays. Il faut cependant noter que les Moldaves de Roumanie manifestent tous la même opinion que leur administration, alors que ceux de République de Moldavie sont plus divisés quand il s’agit de la thèse de leur propre administration : ils sont contre (surtout les jeunes), ne savent pas vraiment, ou sont d’accord avec leurs autorités (plutôt les anciens et les populations de langue russe et ukrainienne).


Modèle politique occidental
Située dans le sud-est européen, aux confins des Balkans, entre les grandes plaines russes et ukrainiennes, et la Roumanie membre de l’Union européenne, la République de Moldavie se trouve au cœur d’une zone géostratégique de premier ordre. Le fait que, dans l’Histoire récente, son territoire ait été disputé par les grandes puissances autour d’elle (Autriche, Russie, Turquie) le prouve.


Démographie
La région est au carrefour de deux cultures : la latine et la slave. La proximité de la Mer Noire lui offre aussi une ouverture sur le bassin économique de l’Asie et sur la route de la soie. Cette situation se traduit depuis 1812 par une grande diversité ethnique, linguistique et culturelle (par exemple, selon le dernier recensement de 2004 les roumains représentent 67 % de la population, 33% étant des Ukrainiens, des Russes, des Gök-Oguz ou Gagaouzes, des Bulgares, desJuifs, des Arméniens et des Grecs).


Régime politique
De jure, c’est une démocratie parlementaire membre du Conseil de l’Europe. Le Parti des communistes de la République de Moldavie (PCRM), de « pro-russe » lors des dernières élections, a effectué un net virage pro-européen lors des élections du 6 mars 2005. Le PCRM a recueilli 46 % des suffrages et remporte 56 sièges sur 101.


La querelle linguistique
Officiellement, l’objet de la querelle linguistique qui oppose les «roumanistes» aux «moldavistes» est de savoir si le roumain et le moldave sont deux variantes d’une langue commune ou si elles sont la même langue. Mais en réalité, les vrais enjeux sont purtement politiques: les locuteurs, eux, se comprennent spontanément et complètement, et aucune distinction n’est faite entre ces deux langues par les experts. Ceux-ci s’accordent à admettre que le fond lexical de base et la structure grammaticale des langues sont communs, même s’il existe un accent régional et quelques expressions spécifiques (qui se retrouvent d’ailleurs des deux côtés du Prut, la rivière séparant Roumanie et Moldavie.

La parution d’un dictionnaire moldave-roumain de 347 pages, et avec plus de 19 000 entrées en juillet 2003 à Chişinău, sous la direction de Vasile Stati, président du département de la Culture du Parti des communistes de la République de Moldova (PCRM), pourrait donner à croire que la cause est entendue, mais quiconque a lu «La méthode à Mimile» (un pastiche des méthodes d’apprentissage rapide des langues étrangères, mettant en parallèle un français très châtié et l’argot de la rue) y reconnaîtra la mème démarche, mais cette fois menée au premier degré pour des raisons politiques. On retrouve d’ailleurs cette démarche de tri linguistique forcé en macédoine (par rapport au bulgare) et dans l’ex-Yougoslavie (entre les Croates, les Bosnioaques, les Serbes et les Monténégrins).

L’histoire du «moldavisme» commence le 12 octobre 1924 avec la création de la République Autonome Socialiste Soviétique Moldave (RASS de Moldavie) en Podolie, sur la rive est du Dniestr, au sein de la République Socialiste Soviétique d’Ukraine. La RASSM est un de ces «bantoustans soviétiques» où les autorités expérimentent des «novlangues», comme Lyssenko expérimentait une nouvelle biologie en créant des règles génétiques sans aucun rapport avec ce qui se passe réellement dans les chromosomes. Ainsi va apparaître « une langue et une littérature nouvelle » dans la RASS de Moldavie (dont la plupart des habitants ne sait ni lire ni écrire), première étape de rapprochement des langues (donc des populations) «moldave» et russe, au très peu influencé par le slave, puisque localisés dans un espace magyaro-balkanique (malgré 20 % de mots
Il est clair que les autorités communistes du PCM trouvent leur intérêt à bien distinguer les Moldaves des Roumains. La question linguistique est donc une question de géopolitique, et elle empoisonne les relations entre la Roumanie et la République de Moldavie depuis les élections de 1994. Elle a même repris de la vigueur, depuis que la frontière de l’Union européenne s’est établie sur le Prut, en 2007.

Julien

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